Fransoize

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Une traversée de Paris

Une traversée de Paris

 

 

 

     Ce vendredi-là, nous devions quitter dans la matinée les Côteaux du Paradis , (un nom comme ça, ça ne s’invente pas, ça se déguste) chez des amis en Champagne , pour rentrer en Vendée. La voiture chargée de quelques bouteilles et du principal de nos bagages était prête à partir mais au petit matin me prit l’idée d’aller flâner aux « Aubaines », une solderie dans Reims, clin d’œil à mes années d’adolescence passées dans cette grande et belle ville.

      Que faire de la voiture ? Nos amis insistèrent juste un tout petit peu pour nous prêter la leur. « Vous grignoterez vite fait » nous dirent-ils « et après, tranquilles pour la route ! ». Il me semblait bien que quelque chose clochait, mais quand on a décidé de ne pas réfléchir on ne réfléchit pas ! En route pour les Aubaines… Quelle aubaine ! Des chemisiers pour moi, juste ma taille ; deux pyjamas pour mon mari, des bricoles… et…et c’est tout car il est déjà 12h 15. Déjà ? Oui déjà ! Vite, Belval, les amis, menu léger.

 

      Nous partons à 14h30, heu-reux ! A peine soucieux de la route… Ca bouchonnera peut-être juste un peu plus à Paris mais pas d’inquiétude… C’est presque les vacances ! 

     15h30, 10kms avant la 104, la Francilienne, premier ralentissement. Bof ! On en a vu d’autres. Un panneau nous annonce un peu plus loin, A83-A6 : 1h10… Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que roue dans roue on va mettre 1h20 pour faire environ 10 kms alors on prend son mal en patience, une fois sur l’A6 ce sera bon.

      C’est là que je réalise que nous sommes le 28 juillet, le départ en vacances de la moitié des Parisiens et autres… j’en ai mis du temps. On aperçoit l’A6… et un panneau A6-A10-N104 : 1h20 ! Ca se corse… Il n’y a que 15kms environ et on commence le touche-touche par 30°, une chaleur lourde d’orage menaçant… c’est bien notre faute, on aurait dû y penser.

     Pas d’énervement, on se croirait en vacances, comme des Parisiens ! Voilà un dernier virage, le pont de l’A6 juste avant le grand virage, la jonction avec l’A10. On est encore loin de la francilienne mais au moins on sait exactement où on est. Lueur d’espoir pour nous devant cette longue ligne droite rouge comme un champ de coquelicot. 

 

     Le moteur en a marre, il crachote une fois, deux fois, nous sommes sur la file de gauche… Stop monsieur le camion, laissez-nous passer.  Merci.   Comme il roule à 5kms à l’heure, le chauffeur a le temps de nous sourire et de nous envoyer un signe amical. Il était temps… Le moteur ne crachote plus, il s’arrête ! Heureusement, sur le pont la chaussée est très large, on ne gêne personne, il est 18h15.

      Que fait-on ? J’ai un portable tout neuf, j’essaie l’assurance. Zut ! J’ai le dossier de ma voiture professionnelle, pas le bon ! Sur la carte verte, un numéro 0803 …. Ca ne passe pas. J’essaie ma fille à tout hasard, de tout cœur avec nous, elle ne peut rien faire pour nous aider. Trois gouttes d’eau viennent nous narguer. Mon mari stoppe une voiture et s’en va jusqu’à la prochaine borne téléphonique. Le ventilateur fonctionne, le moteur a refroidi mais ne veut toujours pas repartir. Le vent se lève, mon mari revient. Le dépanneur a dit qu’il mettrait au moins 40 minutes pour nous atteindre. Il n’y a plus qu’à attendre. 

     Il n’a pas mis 40mn mais plus d’une heure et pendant ce temps là, calfeutrés dans la voiture, nous avons eu un des plus beaux orages que j’ai jamais connus. Les deux derniers coups de tonnerre, d’une grande violence, juste au-dessus de nos têtes, m’ont fait crier de surprise… et de peur !

      La dépanneuse est arrivée à la fin de l’orage. La voiture, roue avant surélevée, accrochée à l’arrière du plateau sur lequel se trouvait une autre voiture – elle, accidentée – avançait toute seule. On se serait crus en TGV, doublant par la bande d’arrêt d’urgence les files de vacanciers sur notre gauche. Seule la buée nous empêchait de profiter pleinement du spectacle.

      Trois voitures à réparer avant la nôtre et un mécano super sympa qui a téléphoné au responsable des assurances pour nous donner les tarifs de remboursement de la nôtre.

 

      A 23h10 nous étions prêts à repartir, mon mari m’annonçant fièrement : « il a mis en direct ! ». Mes connaissances en moteurs diesel, en pompes et en mécanique automobile sont telles que j’ai eu envie de rire de ma totale incompréhension mais j’étais trop fatiguée pour demander des explications. Retour sur l’autoroute avec la promesse du mécano de s’arrêter avec épouse et enfants lorsqu’ils passeraient en Vendée pour leurs vacances.

      MacDo fermé, Restauroute fermé… vite un sandwich à la boutique essence… Il est minuit, nous venons de quitter Paris… ou presque.

      S’il n’y avait pas eu les bouteilles dans le coffre, nous aurions cherché un hôtel vers Chartres. Mon mari, bien éveillé par ces aventures, a choisi de rentrer. J’avoue que je ne lui aurais été d’aucun secours. Le sommeil me terrassait et je luttais pour lui parler de temps en temps. A chaque ralentissement il me rassurait, m’assurait qu’au moindre souci il s’arrêterait sur une aire de repos, j’ai une totale confiance en lui en voiture alors, roulons.

      Nous nous sommes parfois arrêtés quelques minutes pour nous dégourdir les jambes, j’ai tenu jusqu’à Angers. Là, une petite pensée pour ma fille et son canapé-lit mais toujours nos bouteilles dans le coffre ! 

     Mes yeux se sont émerveillés de s’ouvrir à l’entrée de Cholet. C’était toujours ça de gagné ! 

 

     A 3h50 samedi matin, je me suis rendormie auprès de mon mari, dans notre grand lit, en pensant que, quelque part, c’était ma plus belle traversée de Paris. Enfin, belle, peut-être pas, mais originale, ça c’est sûr ! 

       

 

          

 

                                                                            

 

                                                             VENDEE   29 juillet 2001



04/02/2013
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