Fransoize

                            Trente ans
                                           15 nov 1974



Oh, j’ai dépassé l’âge…
                                       L’âge, me direz vous ?
L’âge du biberon et du pouce qu’on suce
Et celui du « doudou » préféré des peluches
Celui du pipi pot et des nombreux joujoux.

Et j’ai dépassé l’âge
                                Où l’on va à l’école,.
Où les premiers dessins, le pinceau et la colle
Emplissent nos journées, Blanche Neige et les nains
Se partageant la nuit, les rêves enfantins.

Puis j’ai dépassé l’âge
                                   Des premières leçons,
Du cartable bourré de livres sans images,
Des randonnées en vélo par vaux et par monts,
L’âge où l’on disait encore de moi « elle est sage ».

Puis j’ai passé un âge
                                   Absurde et impossible,
Jamais, au grand jamais, satisfaite de rien
Reniant mes parents et les prenant pour cible.
C’était l’adolescence, ingrate, ô combien !

Mais un jour, j’ai eu l’âge
                                        Du premier battement,
Simple crépitement d’un cœur tout innocent
Devenant un brasier devant un seul regard,
Prenant conscience ainsi de la peur…et l’espoir.

Vint ainsi le « bel âge »
                                    Qu’on n’a pas tous les jours
Nous disait la chanson. C’est l’âge de l’amour,
Celui du mariage, des projets d’avenir,
L’âge où l’on SAIT…que tout pourra nous réussir.
                                                                                                             

J’allais oublier l’âge
                                 Intimement mêlé
Aux problèmes du cœur, celui des examens !
Il a fallu passer, passer et repasser
Des « bacs » et un diplôme…De détails, je m’abstiens

Jamais jusqu’à cet âge
                                  Je n’avais ressenti
Le poids, même léger, des mois et des années.
Il a fallu l’ENFANT, l’attendu, le premier,
Pour que je réalise que j’avais grandi.

Il fallait passer l’âge,
                                 Etre enfin responsable
D’un autre que de soi et de savoir à deux,
Diriger ce bébé qui nous suivait des yeux.
Dompter ce sentiment d’amour inépuisable.

Sans se soucier de l’âge
                                     Ni du temps qui passe,
Nous avons vu filer plusieurs « jours de l’an »
Apprenant chaque jour, sans faire trop de casse
A s’aimer un peu plus que le jour précédent.

Il n’est en fait pas d’âge
                                     Qui manque d’intérêt.
Trois filles nous sont nées, qui nous ont apporté
Joie mais aussi tourments. Elles sont petites encore
Et de leur vie n’ont vu s’écouler que l’aurore..

Des amis de tous âges
                                  Et de tous les pays
Nous ont accompagnés le long de notre route..
Présents à tout instant, ils chassaient les soucis,
Partageant les moments de plaisir ou de doute.

Vraiment j’ai passé l’âge…
                                         L’âge de quoi ?  J’ai peur !
D’où vient cette anxiété qui m’enserre le cœur ?

Demain, j’aurai trente ans et je sens sur mon front
Se balancer un point d’interrogation !!