Fransoize

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Retour des Baléares

Retour des Baléares    

 

         

                                                                        Rêveries autour d'un grand « A »

 

                                      Marie, Marianne et les autres

 

                                                 

 

             Maman avait 96 ans lorsqu’elle a pris en Juin 2011 un billet de loterie à l’école d’Irodouër où vivent Hélène, Thierry et les enfants.

             Nous étions attablés dehors à finir le repas de kermesse quand Hélène a bondi  « C’est ma grand-mère, c’est ma grand-mère ! »

             Après avoir écouté les numéros des derniers lots : une brioche, trois bouteilles de vin, des tasses à café, une table de jardin….etc…etc  nous n’écoutions plus le tirage car, c’est bien connu, les premiers prix, c’est toujours pour les autres. Même que ça nous fait plaisir pour eux puisque, ce qui compte, c’est la réussite de la fête.

 

             «  Ils ont dit Alberte, et y’en a pas trente six, c’est bien Grand-mère qui gagne le premier lot : un voyage aux Baléares ! »

 

             Effervescence à notre table. A son âge… Qui va l’accompagner ?

 

             Pas de problème, le lendemain, on lui demande et la réponse est digne de son humour habituel « Ca ne me déplairait pas d’y aller avec Monsieur le curé ! »

 

             Vu qu’elle ne met les pieds à l’église que le jour de Pâques (un reste de la pension Ste Geneviève où elle a vécu quelques moments difficiles avec des religieuses aigries qui ne comprenaient rien à son caractère enjoué) et qu’en dehors du Notre Père et de l’Ave Maria, elle a oublié ses prières, je ne suis pas sûre que Monsieur le curé veuille bien l’accompagner !

 

             Alors qui ?

 

             Hélène et Thierry sont tentés mais je connais bien ma fille qui, voyant mon regard d’envie, a déclaré « c’est trop compliqué pour nous en ce moment, avec le travail, les enfants… Maman et Gérard n’ont qu’à en profiter »

             Cicine, ma belle sœur,   a bien suggéré que Philippe, mon frère, et moi partions ensemble, mais si l’idée nous a fait sourire, elle n’a pas été retenue !!!

 

             Donc  voila, le 29 Septembre à 21heures, l’avion s’envole de Nantes en direction de l’ile de rêve, avec Gérard et moi parmi les 231 passagers

 

                                                                    

 

                                                                   *

 

 

             Voyage sans histoire, l’airbus est souple et bien piloté. L’avion prend de l’altitude très vite sans gêne particulière. 1h30 de vol et  l’aéroport nous ouvre les bras

Personne ne nous attend pour nous dire où aller et ça panique un peu, mais finalement nous trouvons le bus qui mène à l’hôtel « Tropicana »

 

             1h de route, le décor est noir. Il est 21h30. Restauration rapide, distribution des chambres et dodo !!

             C’est le vendredi matin que la magie nous submerge. Il fait beau, les cocotiers côtoient les Palmiers, les bananiers, les bougainvilliers, et d’autres arbustes dont j’ai oublié le nom.

             Le gazon frais tondu, n’a pas du tout les mêmes feuilles que chez nous, on dirait du chiendent dont les pousses seraient verticales

 

             Les allées sont propres, on pourrait marcher pieds nus

             39 marches à monter et la salle à manger nous accueille avec un choix  international de petits déjeuners. C’est impressionnant. Juste à coté, le salon donne sur une crique où la mer d’un bleu azuré donne envie de se plonger dans les vaguelettes de la Méditerranée  

 

             Sur le chemin du bungalow, au retour, nous longeons une piscine, des transats et des parasols qui  invitent au farniente

             500 mètres nous séparent  de la chambre à l’hôtel, cela fait 3 km par jour pour aller prendre les repas. Bien sûr, il y a des navettes en permanence mais le but des vacances, c’est aussi de se remuer un peu !

 

                                                           

                                                                   *

 

 

             Nous avons repéré quelques visages sympathiques dès le premier jour. Premiers sourires de reconnaissance…Pourquoi ceux là et pas d’autres, on ne saura jamais.

 

     Marie et Marianne, 2 collègues de travail

     Milo, seul, veuf 

     Armelle et son mari Roger

     Michel, leur fils et sa femme, Aurélie

     Miette, veuve également, mais depuis peu de temps

 

Au cours de bavardages apéritifs, nous apprenons que

 

             Marie a 33 ans, est divorcée et a une petite Zoé de 6 ans

 

             Marianne, 34 ans, est divorcée également, sans enfant

Elles sont de la région du Mans

             Milo, 69 ans ne fait pas son âge et est le bout en train de la bande. Son épouse est décédée d’un cancer généralisé il y a plusieurs années et il a réappris à se débrouiller tout seul. Chapeau ! Il a de la famille à St Malo

 

             Roger et Armelle  ne devaient pas venir, c’est le frère de Mickaël qui avait pris deux billets, mais sa femme enceinte avait quelques problèmes de santé et  ils ont préféré laisser la place à leurs parents originaires du Morbihan

 

             Michel et Aurélie ont deux enfants, Manon de 6ans et Louis de 11ans et vivent entre Rennes et  Chateaubriant

 

             Miette parle beaucoup de son mari, on sent que sa mort est récente et qu’il lui manque.

Heureuse grand mère, elle a deux grands fils ayant chacun deux enfants… 

Elle vient de Cholet

 

 

 

             Nous voilà partis en excursion le samedi matin. Safari en 4/4

 

             Voiture avec Roger, Armelle, Michel et Aurélie, Michel au volant

             Voiture avec Gérard et moi, Marie et Marianne, Gérard au volant

             Milo pilote une voiture avec trois  allemands, Miette , un peu forte, a eu peur d’être trop secouée et s’est abstenue

             La première voiture est conduite par un moniteur et transporte 5 adultes handicapés. 

             Notre humeur joyeuse est contagieuse, le bonheur se lit dans leurs yeux, 

             Au volant de la dernière, (Il y en a une dizaine en tout) Maguy, notre hôtesse  guide 3 parfaits inconnus, nous n’avons pas entendu leur voix

             Un groupe d’allemands remplit les autres voitures

 

             Dans les différentes activités, nous remarquons la présence de nombreux allemands, au point que les écriteaux sont en Anglais, en Italien, en Allemand et bien sûr en Espagnol….

 

             Mais rarement en Français…. Je préfère ne pas me demander pourquoi ! La réponse ne me plairait peut être pas ?

 

             Il y a des nuages dans le ciel et je me mets à penser à Victoria rencontrée lors de notre voyage en Sardaigne.

 

             J’aime les nuages, les petits flocons d’ouate blanche, les plus gros dans lesquels je dessine des animaux plus curieux les uns que les autres, les noirs de ciel d’orage, ceux qui s’effilent et nous donnent une sensation d’immensité. J’aime tous les nuages….Ils me font rêver

 

 

 

          

             Nous avions fait un safari en Sardaigne, un autre sur les côtes de l’Estérel, mais jamais nous n’avions autant ri. 

             D’abord, le pilote est l’un d’entre nous. Les voitures se suivent à 5 mètres les unes des autres et les passagers arrière sont assis  en hauteur ou debout. Gare aux branchages qui fouettent les bras, voire même le visage..

 

             Et puis, il y a Pépèt (alias Joseph, mais Pépèt, c’est plus amusant). Il court, saute comme un singe le long des véhicules, disparait en haut d’une montagne pour nous filmer d’en haut, revient debout, accroché à la portière d’une voiture, interviewant chacun des conducteurs. Il est impressionnant de souplesse et de rapidité et offre à lui seul un spectacle supplémentaire.

 

             Tout à coup, le pare brise se couvre de pluie, c’est Pépèt qui déversait une bouteille d’eau du haut d’un arbre. A cela s’ajoutent les dos d’ânes, les ornières, les virages en épingles à cheveux, la poussière et des dénivellations à faire frémir les plus vaillants

 

             Milo rit. Dans sa voiture, chacun avait fait provision d’olives en passant sous les arbres et au détour d’un chemin, ils se mettent à bombarder les filles derrière nous.

 

             Sus aux oliviers, la vengeance sera dure !! Les plus acharnés sont Roger et  Michel qui entraînent  leurs épouses dans l'hilarité la plus complète. Michel conduit, Aurélie et Armelle ont du mal à rester debout derrière. Aurélie stocke les projectiles et Roger les lance.

             Marie et Marianne sont les plus visées.

 

             Pour le repas, sandwich des Baléares. C'est-à-dire du pain que l’on frotte abondamment d’ail et de tomate et dans lequel on glisse du fromage, du jambon, de la salade et de l’huile d’olive

             Une petite glace pour finir, le tout arrosé d’un succulent vin de pays ( Je n’ai pas vu de vignes sur l’ile, mais il y a de fort bons vins en Espagne)

 

             Retour vers 18h30 après une descente à nouveau dans l’euphorie générale, nous n’avons plus envie de nous quitter

 

             Pour le dîner, il y a deux services. Un à 18h30, bien trop tôt, et l’autre à 20h30…en attendant l’apéritif est offert. Je n’avais pas encore compris le « all inclused » Tout inclus, ça veut dire jusqu’à plus soif !!

 

             Heureusement, nous sommes  sages et avec cette chaleur, l’eau minérale a aussi bon goût que le champagne  (enfin, presque)  Parce qu’il y a du champagne ! J’ai vu l’étiquette !

             La sangria est fadasse, les cocktails très légers mais le porto et le champagne sont à notre convenance après une bonne bière bien fraîche

 

             Vers 21h30, les animateurs convient tout le monde au bar salon et leur imagination est sans limite pour nous amuser

.

             22h30, 23h, le temps est doux mais  le sommeil nous  pousse à rentrer dormir

 

             Dimanche, nous nous retrouvons sur le chemin du petit déjeuner. C’est le clan des 10. On  bavarde avec l’un, avec l’autre, sans s’en rendre compte. Je m’attendais à faire des connaissances avec le caractère ouvert et chaleureux de Gérard, mais là, c’est autre chose, c’est plus fort.

             Je leur trouve à tous des qualités, la principale étant de se prendre les uns les autres, comme on est…Ce n’est pas donné à tout le monde, mais là, pas de regard en biais  sur mes kilos en trop, sur la coiffure de l’un ou les vêtements de l’autre,   non, tout est à sa place. Si l’un d’entre nous traîne un peu au cours d’une promenade, les autres ralentissent.

 

             Bref, c’est magique !

 

             Le ciment du groupe, c’est Armelle. Mère de Michel et femme de Roger, elle relie les âges entre eux avec une bonne humeur permanente.

 

 

                                                                    *

 

 

             Le moment le plus amusant, c’est l’heure de la pétanque. Je m’assieds avec Miette  pour admirer  les 2 équipes de 4 qui se chamaillent en gaité

 

             Marie et Marianne ne laissent rien passer. Calmes, mais précises, elles font des points.

 

             «  On l’a de 2 »La boule de Milo vient de se caler contre celle de Marie. C’est rigolo, si elle n’était pas aussi bronzée, j’aurais pensé qu’elle a rougi.. Je la regarde l’œil pensif. 

 

             Marie est belle, pas seulement jolie. Brune, cheveux mi-longs, souples, elle a le regard franc et décidé d’une jeune femme moderne. D’un mariage raté, elle s’est fait  une carapace afin de se protéger d’éventuelles  souffrances à venir.

             Sa petite Zoé de 6 ans est le soleil de sa vie. Elle est Mère, elle est Femme, elle est belle et elle est seule.

             C’est amusant, cette équilibre entre la douceur de ses yeux, de son visage quand elle parle de sa fille et la fermeté de ce même visage quand elle parle de la vie.

             J’en suis sûre, elle croit encore à un possible rêve d’amour, mais elle s’en défend pour ne pas souffrir à nouveau. Equilibre et dualité des sentiments !

 

             Le regard de Milo sur elle me surprend. Il est plein de tendresse, d’attention, de retenue….

 

             Allons, Françoise, te revoilà partie dans tes nuages et dans tes rêves…

 

             C’est toujours pareil, à l’instant où je me mets une idée en tête, j’y pense sans arrêt. 

Milo observe Marie. Sans en avoir l’air, il ne la quitte pas des yeux. Depuis quand ?

             Je n’y avais pas fait attention plus tôt.

  

             Tout à coup, je repense à la bataille d’olives

 

             Et Marie ?  Elle fait semblant de ne rien voir, mais elle le sait. C’est marrant, il n’a pas dit s’il avait des enfants. Elle pourrait être sa fille. Qu’est ce qui me dérange ? Son regard sur elle n’est pas celui d’un père

 

             L’apéritif est le bienvenu pour fêter les résultats éclatants de la partie de boules.

            Marie parle de ses parents qui ont été très proches d’elle pendant la séparation.          Gérard et Roger parlent des pompiers et discutent de l’âge de la retraite et des jeunes qu’ils ont formés. Il n’y a pas d’âge pour vivre des choses ensemble. 

             Marie  nous dit alors en riant que son père ferait une drôle de tête si elle ramenait un fiancé de 69 ans à la maison, que vraiment ça ne passerait pas, vu qu’il n’en a lui-même que 61

 

             C’est bon de rire, mais je pense que je n’avais pas rêvé. Bof, c’est les vacances !

 

 

 

                                                                         *

 

 

 

.             Ce que je trouve extraordinaire, pendant les vacances, c’est d’être aussi près de Gérard. Avec lui, la vie est gaie, il est toujours content. Puisqu’il n’y a pas de jardin à surveiller, de bricolage à terminer ni de copains à dépanner pour lui, de couture, de dessin, de musique pour moi, nous sommes ensemble. Cela nous rend amoureux et nos mains se cherchent.

                Vive les vacances.

 

             Gérard, Milo et Roger discutent mais Milo est pensif. Marie et Marianne ne sont pas arrivées. A leur approche, il renverse maladroitement son verre. 

             Bisous de retrouvailles, j’ai vu leurs mains se serrer et se séparer avec difficulté, gardant quelques secondes de plus,  le bout des doigts qui se frôlent

 

             Leurs yeux brillent d’une lueur étrange. 

             Passage à la salle à manger. Nous avons trouvé une table assez grande pour nous loger tous en rajoutant 2 chaises au bout. C’est la franche rigolade

             Une dame bavarde comme une pie s’approche de nous avec curiosité et pose avec force sourire des questions à  Milo

             Marie le regarde « papa, fais bien attention à ce que tu dis, s’il te plait. Ne raconte pas n’importe quoi » Michel reprend « Eh la frangine, laisse papa tranquille et toi, papa, ne la laisse pas te parler comme ça ! »

             C’est parti. Je suis la sœur de mon mari qui devient le père de Marianne et Aurélie devient la demi sœur de son mari…………Il y a de quoi s’y perdre, mais on ne s’y perd pas et la brave dame gobe absolument tout.

             C’est bon, un fou rire contagieux et partagé   Vive les vacances

 

             Puisqu’il est devenu son père, Milo prend Marie par l’épaule et elle, laisse sa tête reposer un instant au creux de ce nid douillet

 

             Le mardi, avant veille du départ, nous nous sommes éparpillés. Roger, Armelle, Michel et Aurélie à Palma, Miette, Gérard et moi, en bateau et les trois autres à Formentor

 

             Je me suis affalée dans un transat qui s’est effondré, j’ai chopé un coup de soleil et je me suis fait une peur bleue en quittant le bateau pour nager

Merveilleuse journée quand même grâce à la couleur de l’eau, la beauté des paysages et l’ambiance vacances croisière

 

             Le soir, pas de filles ni de Milo à l’apéritif, mais ils réapparaissent à l’heure des jeux. Soirée théâtre, cela n’enchante personne. Ils vont chercher des cartes et se lancent dans une belote effrénée. Je pars me coucher, non sans avoir vu Marie et Milo se prendre la main…un roi contre une dame ?

 

             Mercredi, on s’en va demain.

 

 

 

                                                                            *

 

 

 

            Comme je l'ai déjà dit, ces vacances là ne sont pas comme les autres et il est difficile de refaire les valises . Pour marquer ce besoin d'être ensemble, nous partons tous  dans le village voisin faire des emplettes .

 

             Il faut crapahuter sur une colline qui surplombe la mer. Le chemin est escarpé et le paysage grandiose. Marianne la discrète est une sportive de bon niveau, on dirait qu'elle court devant les autres sans le moindre effort.

             Nous voilà partis pour une grande partie de cache cache au milieu des étals qui nous offrent bijoux, sacs, maillots de bain, jeux de plage, cartes postales fantaisie, et autres colifichets en pagaille, à des prix de fin de saison.

            Pour garder la magie du moment, on achète.....des souvenirs, on se croise les uns les autres en riant pour enfin se retrouver devant une sangria... pas meilleure que celle de notre hôtel.  Tous, sauf Marie et  Milo

 

            Ils sont là, assis sur un muret de pierre et se racontent...quoi ?  Leur vie ? Peut-être, leurs idéaux ? Pourquoi pas. Bref, ils se racontent, comme on fait connaissance où tout est nouveau, tout est surprenant. Ils ont succombé à la chaleur, à l'amitié profonde du groupe et se séparer leur semble visiblement très difficile. Je n'ai aucune raison de les observer, mais ils sont là devant moi, à quelques mètres. De grands éclats de rire suivent des moments d'émotion palpable, on dirait qu'ils sont seuls au monde. 

 

            Le ciel s'assombrit et il est temps de rentrer, fatigués mais heureux de nos achats, nous gravissons la colline une dernière fois.

 

 

                                                                          *

 

 

            Heureusement que j'ai acheté un sac..la valise a du rétrécir au soleil..On repart avec un bagage de plus. Je m'endors dans le bus car hier soir, bien sûr, nous nous sommes couchés tard.       L'aéroport, le voyage où nous sommes dispersés et l'arrivée à Nantes me laissent peu de souvenirs. Nos fidèles amis, Mireille et Jacques nous attendent et la dernière image que je garde, c'est celle du baiser furtif entre Marie et Milo en guise d'adieu.

 

            Est ce un Adieu ou un Au revoir ? 

 

             Libre à vous de rêver à votre tour......

 

 

 

 

 

 

                                                                                           Fransoize          Novembre 2011

                                                    Voyage aux Baléares  Septembre 2011                                             

 

 



04/02/2013
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