Mais où donc ai-je la tête
Mais où donc ai-je la tête ?
J’ai entendu souvent « Vieillir, c’est dans la tête »
Mais bien sûr, mais bien sûr ! Cependant c’est tout bête
Soyons honnêtes, ce n’est pas la tête, qui m embête
C’est le reste qu’on n’devine pas et qui nous guette
Ça peut commencer par une douleur au pied
Oui, par facilité je m’en vais remonter
Des pieds jusqu’à la tête, parce que finalement
La tête aussi , c’est sûr, aura bien des tourments.
Donc, j’ai mal à un pied, je boitille sur l’autre
Encore heureux que l’autre soit levé du bon pied
Ce n’est qu’un simple cor…avec un peu d’arthrose
Un peu, c’n’est pas beaucoup et ça devrait passer.
Nous passons aux chevilles avec des os solides,
Des qui ne cassent pas mais dont l’esprit perfide
Gonfle sans prévenir au moindre petit pas
Quand le soleil en plus vient nous tendre les bras.
L’œdème, c’est son nom, s’arrête à mi mollet
Et là, du fond des nuits, des crampes m’entortillent
Jusqu’au bout des orteils enfonçant des aiguilles
Et pour pouvoir dormir, il me faut me lever
J’en arrive aux genoux (choux – hiboux - cailloux – poux)
Là, c’est une autre histoire. Je descends l’escalier,
Le genou gauche lâche et si je veux monter
C’est le droit qui refuse que je reste debout
Mes cuisses bien dodues ne sont que le passage
D’un sciatique chatouilleux qui descend gentiment
Surtout du coté gauche et veut assurément
Que je perde du poids. Je ne suis pas très sage !
Parlons de la vessie. Ce ballon de baudruche
Adore se balader loin de son point d’encrage
Et pour qu’il ne fuie pas, ce qui nous met en rage,
On muscle les sphincters. Hélas, des fois on tousse !!
Je dois parler de sexe, important tout de même.
Eh bien je vous rassure, un arsenal de crèmes
Et d’onguents mystérieux, un regard amoureux
Une main caressante et l’on n’est jamais vieux
Tablier de Venus estomac redondant
Avec des seins qui tombent et des plis alarmants
Aurais je pu garder mes 20 ans et ma ligne
Mes 20 ans certes non, ni ma ligne maligne !
Voyons cela de dos, les lombaires écrasées
Ne laissent pas de choix : ni immobilité
Ni trop de mouvements. C’est usé, c’est rouillé
C’est pourtant le Printemps et je rêve d’été.
Continuons le voyage que seul notre Docteur
Connaît en son entier, à qui l’on n’a pas peur
D’avouer nos malaises, nos craintes, nos langueurs
Notre mélancolie sur le temps qui se meurt.
J’étais au creux des reins et j’avais oublié
Avec l’hémorroïde de mentionner l’anus
Suffit, n’en parlons plus, remontons, s’il vous plait
Les intestins sont bons, ainsi que l’utérus
J’ai quelque réticence à parler des aigreurs
Des remontées acides venant de l’estomac
Il y a toujours chez moi une petite peur
D’un cancer familial dans cette région là.
Les seins vont bien, merci. Ils se sont simplement
Tapissés d’eczéma comme à tous les Printemps.
En plus de ces rougeurs la narine chatouille
L’asthme a le nez qui coule et le mouchoir qui mouille
L’épaule d’un coté un peu flasque flageole
En face elle est bridée et parait un peu molle
Jusqu’à quatre vingt dix, ça monte à peu près bien
Mais étendre du linge un effort olympien
Et la main ! Ah la main ! Elle, elle est biscornue
Renonce à me servir, ne plie plus, ne tend plus
Je l’ai faite opérer pour un canal carpien
Et elle est devenue plus tordue et moins bien !!
Vous pensez bien que l’autre, avant de la toucher,
Je préfère souffrir encore quelques années.
Plus de bagues et plus d’ors, ni de colifichets
J’en mettrai deux fois plus sur cet autre coté.
Au milieu de tout ça se cache aussi un cœur
Une tension bien corrigée, merci Docteur
Pas de tachy, pas de brady, je ne sens rien.
Je n’ai pas mal.Rassurez moi, j’en ai bien un ?
Un peu plus haut, le cou cache l’ignoble Arnold
Un nerf qui vient me chatouiller jusqu’aux sinus
Vilain, malin, peut être, mais moi je le suis plus
Je le toise de haut et il s’en accomode.
Nous revoilà là haut, à parler de la tête
Elle est pleine de mots, de verbes, de soupirs,
Et le meilleur remède est de les faire sortir
A ne pas s’y tromper, c’est celle d’un poète.
Je me croyais malade ou du moins fatiguée
Or je n’étais que « Moi ».
C’est la peur des années
Qui me faisait craindre un trop prompt vieillissement
Alors que tout bien vu, je n’ai que trois « vingt ans »
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